S’il y a une chose que l’on apprend quand on grandit près de la mer, c’est de ne pas nager à contre-courant. Parce que l’on se fatigue. Parce que l’on s’épuise. Parce que l’on se décourage. Parce que l’on peut donner tout ce que l’on a, le courant sera toujours plus fort que nous.

Alors on apprend à observer. Observer la mer. Observer les mouvements. Observer pour se déplacer sans paniquer vers l’endroit où le courant va dans le bon sens. Se faire aider au lieu de lutter. Se sentir accompagné(e) au lieu de se confronter à un mur.

Et pourtant, parfois, on peut passer des années à lutter contre le courant. Des années à essayer de se conformer à ce qui n’était pas nous. A aller à l’encontre de notre nature profonde. A dépenser beaucoup d’énergie. A s’épuiser. A manquer de se noyer.

Parfois on peut même y passer sa vie.

Et puis, parfois, un jour, on arrête de nager. Peut être parce que on est à bout de force. Peut être parce que, de toutes façons, on est plus capable de lutter davantage.

Alors, parfois, on arrêter de lutter. On arrête de lutter et on prend le temps d’observer la situation. Le temps d’écouter son corps à bout de force. Le temps d’écouter son coeur à bout d’espoir.  Le temps de sentir ce courant qui nous emporte toujours plus loin de notre bonheur.

Parfois alors on se rend compte que l’on s’est trompé de chemin. On se rend compte que l’on s’est trompé de passe. On se rend compte que l’on est en train de nager à contre-courant.

Et on comprend. On comprend que l’on pourra fournir tous les efforts imaginables, que l’on pourra épuiser toutes nos ressources, que l’on pourra faire de son mieux tous les jours ; on n’y arrivera jamais.

Alors on se rappelle de la leçon des courants. Et on se calme. On reprend des forces et on observe. On cherche notre plage, on cherche notre récif, on cherche notre crique, notre havre de paix, notre objectif. Puis on cherche le bon courant. Celui qui nous aidera. Celui qui nous accompagnera. On commence par nager en travers. Rien que pour sentir de nouveau la sensation d’avancer. La sensation de progresser. La sensation d’aller dans le bon sens. Alors on reprend confiance en nous. Alors on recommence a voir une issue. Alors on retourne la motivation. On retrouve la motivation de lutter un peu plus fort pour arriver dans le bon courant.

Et puis, parfois, un jour, on se sent plus léger. On se sent moins lourd.

Alors on se rend compte que l’on est enfin dans le bon courant. Que l’on est enfin sur le bon chemin.

Alors les choses deviennent plus faciles. Alors tout commence à aller dans le bon sens. Alors tout commence à être plus cohérent. Alors on sent que chacun de nos mouvements est utile, que chacun de nos efforts est récompensé.

Alors on se sent comme un poisson dans l’eau. On se sent comme un poisson dans l’eau et on profite.