Parfois, les nuits sont dures.

On voudrait que nos enfants absorbent tous les changements sans broncher. Le départ en vacances, le décalage horaire, l’avion, le changement d’environnement, le changement de lit. Que tout puisse changer autour d’eux mais que cela ne change rien chez eux… Sauf que cela ne fonctionne pas comme ça.

Parfois quand on est réveillés la nuit, on a le réflexe de s’énerver. On s’énerver parce qu’on ne réfléchit pas correctement. Parce qu’on ne pense qu’à une chose.  Retourner dans son lit. Fermer les yeux. Dormir . on s »énerve parce que l’instinct du sommeil remplace toutes nos intentions d’éducation bienveillante.

Parfois quand on est réveillés la nuit, on lance des menace. Ne plus lire de livre le matin, ne plus aller à la plage toute la journée, ne plus prendre le temps de jouer avec lui parce que l’on sera trop fatigué(e).

Et parfois, dans le brouillard de notre esprit endormi, face à l’incompréhension infantile, face aux pleurs, face à la peur, on retrouve un éclair de lucidité. On arrive de nouveau à respirer, on arrive de nouveau à calmer sa voix. On arrive de nouveau à comprendre que menacer un enfant qui a peur n’a que très très très peu de aucune chance de le rassurer. On arrive à comprendre que lui aussi, il préférerait sans doute dormir toute la nuit; Ne pas se réveiller; Ne pas avoir à appeler pour faire face à ses peurs ou à ses insomnies.

Parfois, dans le brouillard de notre esprit endormi, on arrive à calmer sa voix et à ouvrir les rideaux. On arrive à expliquer que dehors, il fait noir. Que dehors, c’est la nuit. Que son grand frère dort, que son Papa dort, que ses grands-parents dorment. Que tout le monde dort et que tout va bien. Que dehors il y a les étoiles et il y a la lune qui veille sur nous.

Que nous aussi on a très envie de dormir mais que l’on va quand même prendre le temps de bien lui expliquer. Pour qu’il se sente apaisé. Pour qu’il comprenne que tout va bien. Pour qu’il comprenne qu’il est précieux et unique et que jamais on ne le laisserait tout seul si on pensait une seule seconde qu’il pouvait y avoir le moindre danger. Qu’il n’y a pas de danger. C’est juste la nuit. La nuit accompagnée de la lune et des étoiles.

Alors il peut s’allonger, fermer les yeux et se rendormir. Alors moi aussi je vais pouvoir m’allonger, fermer les yeux et se rendormir. Et demain matin, il pourra se réveiller et venir nous faire un câlin. La lune veillera toujours sur nuit mais le soleil éclairera notre journée. Et tout ira bien.